L'Album du club. Leur bible à tous !

Par Pierre Le Vaillant
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55 ans après l’ancêtre italien Panini, la mode des albums à vignettes autocollantes gagne aujourd’hui les petits clubs associatifs. Guidel, Pont–Scorff, Quéven et Inzinzac–Lochrist ont tenté l’expérience à tour de rôle, dans le pays de Lorient, depuis deux ans. Pour l’US Montagnarde, l’« Album du club » a été un pari gagnant, qui a rapporté 10.000 € au club.

On n’y trouve ni Alain Giresse, ni Dominique Rocheteau, encore moins Michel Platini. Mais les photos vignettes d’Alix Le Dorze, Noé Cazala ou Loïs Nicolas, jeunes footballeurs en U8, s’arrachent au moins autant que celles de leurs illustres aînés de l’équipe de France des années 1980. C’est désormais sur les terrains et dans les familles de l’US Montagnarde, à Inzinzac–Lochrist, que ça se passe. Depuis trois mois et demi, les 480 licenciés vivent au rythme de « l’Album du club ». Un catalogue rouge et bleu, évidemment, où chacun des adhérents, des bénévoles et des joueurs figure nominativement en gros plan. L’objectif : réunir l’ensemble des 480 vignettes nécessaires pour boucler un album.

Comme 459 albums avant eux

« On cherchait une nouvelle idée pour amener de l’argent dans les caisses. Des clubs voisins comme la Guidéloise et le CSQ foot à Quéven (lire ci–dessous) avaient tenté l’expérience et semblaient satisfaits. Alors on s’est dit pourquoi pas nous ? », témoigne, sur le terrain en synthétique du stade municipal du Goré, le président Kevin Le Gal, 37 ans. Le bouche–à–oreille a tout de suite mis le bureau de l’association sur le chemin de la jeune entreprise basque « L’album du club ». Lancée il y a trois ans à Saint–Jean–de–Luz (64), la SARL a déjà réalisé 460 albums du même type avec des clubs amateurs, dont 200 en 2017, « tous sur–mesure », précise le gérant Franck Martel. « On a pris les premiers renseignements au printemps dernier. La société nous facturait 1.300 € pour 500 exemplaires de l’album, en nous fournissant un photographe pour deux jours. À nous ensuite de trouver des sponsors pour les encarts publicitaires, explique Kevin Le Gal. C’est là–dessus qu’il fallait mettre le paquet pour se faire de la marge. Les ventes de vignettes (1 € la pochette de huit) ne nous rapportent que 10 centimes pièce ».

« On espérait 4 000 € »

Trois parents bénévoles ont accepté de démarcher les commerces d’Inzinzac–Lochrist et alentours (bars, boulangeries, constructeurs, restaurants) mais aussi leur réseau et les gros partenaires historiques du club, comme une grande marque de vêtements marins. Carton plein dès l’été 2017. « Les sponsors étaient franchement séduits par l’idée. Ils ont tous donné entre 100 € et 1 000 € », confirment Christophe Le Gal, Gérald Myner et Emmanuel Ténier. À tel point que le bénéfice prévisionnel de 4 000 € a été très rapidement dépassé. « On a rentré 10.000 €. Vous imaginez ce que cela représente pour la vie d’un club ? », se réjouit le président. Et ce n’était que la première mi–temps de l’aventure. « On a offert les albums aux adhérents et mis en vente les premières vignettes le mercredi 18 octobre. Dès le samedi, on était en rupture de stock. Il a fallu refaire des commandes toutes les semaines pendant un mois et demi ! Une folie ! ».

« Dis, tu m’échanges tes doubles ? »

Jusqu’à Noël, « les mômes, les éducateurs, les anciens, tout le monde s’est pris au jeu », raconte le trésorier Gérard Hellec. « C’est vrai qu’on avait tous nos vignettes dans les poches, pour les échanger au club, en prenant le pain ou au bistrot. Il y avait la bagarre pour être le premier à remplir l’album. Les plus chevronnés se sont même lancés dans un deuxième ». Après l’effet nouveauté, est venu le temps des soirées d’échanges. « Tous les vendredis soir à 18 h depuis un mois. Ça aussi, ça apporte de la convivialité. Depuis qu’ils ont vu notre photo sur l’album, certains jeunes nous appellent par notre prénom ! », rigole Erwan Le Mentec, trésorier adjoint. Au total, 65 000 images ont été vendues en trois mois et demi. Les ventes continueront sur le web à partir de la semaine prochaine. Mais le bénéfice de l’opération n’est pas que financier. « C’est incroyable ce que cet album a apporté au club en terme de cohésion. Il a été fédérateur et a permis à des tas de gens de se connaître », terminent les membres du bureau. Et tant pis s’il faudra attendre trois ou quatre ans pour retenter l’expérience. « L’album du club 2017–2018 fera référence. C’est déjà notre bible à nous ! »

Source : Le Télégramme